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Un marché mondial porteur

Selon ses principaux observateurs, à savoir les instituts CSA Research et Nimdzi, qui analysent des bases de données portant sur jusqu’à 120 000 entreprises, le marché mondial des services linguistiques (traduction/interprétation professionnelle) et des technologies afférentes connaît une croissance régulière.

Titre
Chiffre d'affaires
Chiffres clefs
Chiffre clef
de 50 à 57
Texte d'accompagnement

milliards de dollars de chiffre d'affaires mondial

Chiffre clef
+7 %
Texte d'accompagnement

de croissance annuelle env. (2018-2019)

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Les plus gros acteurs du marché sont des entreprises mondiales qui comptent de nombreuses filiales sur plusieurs continents. Leur croissance, à deux chiffres, est généralement supérieure à celle des autres protagonistes : entreprises régionales (plusieurs sites sur un même continent), entreprises dématérialisées (plateformes gérées sur le cloud), entreprises nationales, entreprises monosite, réseaux d’entreprises indépendantes.

Avec le rachat de SDL par RWS intervenu en novembre 2020, l’institut Nimdzi a établi en mars 2021 le classement suivant parmi les leaders privés du marché mondial :

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Classement des leaders privés

Source: https://www.nimdzi.com/nimdzi-100-top-lsp/

Globalement, la croissance soutenue des volumes en traduction et des missions en interprétation (ils auraient doublé en 10 ans) s’explique par plusieurs phénomènes planétaires, économiques, politiques et technologiques, notamment :

  • la mondialisation des échanges, la multiplication des opérations capitalistiques créatrices de multinationales et de grands groupes internationaux, les flux d’immigration ;
  • le développement d’une société de l’information reposant sur la communication à l’échelle internationale liée à Internet, au commerce électronique, à la téléphonie mobile, à l’Internet des objets, ainsi que la montée en puissance d’activités telles le e‑learning, le streaming, les jeux vidéos…
  • l’élargissement de l’Union européenne, premier acteur linguistique mondial, ayant affirmé sa politique en faveur du multilinguisme (24 langues officielles), rendant obligatoire à l’échelle nationale la traduction de certains types de documents (cf. loi Toubon en France) et la traduction à l’échelle communautaire de Règlements ou rapports d’activités. Les volumes des traductions/interprétations liés aux autres instances inter-étatiques et aux nombreux organismes internationaux (notamment le système ONU, avec six langues officielles et 193 États membres) ne bénéficient pas d’un suivi statistique permettant de qualifier leur dynamisme.

Nombre et répartition des prestataires de services linguistiques dans le monde

  • +640 000 traductrices, traducteurs ou interprètes dans le monde
  • Secteurs > Public et/ou privé
  • Répartition des commandes :
    • Europe (53 %),
    • Amérique du Nord (35 %) et
    • Asie (10 %).

Source:  Tradutec et Commission européenne (Translating Europe Forum 2019)

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Titre
La loi du 4 août 1994 sur l’emploi de la langue française, ou « loi Toubon »
Texte

Ce texte législatif ne porte ni sur le bien-parler ni sur le bien-écrire. Jacques Toubon lui-même l’affirmait : il s’agit bien plus de défendre le droit au français comme un droit fondamental et, à ce titre, de prévoir « l’emploi du français dans les différentes circonstances de la vie sociale telles que le travail, la consommation, la publicité, les médias, les services publics, l’enseignement et la recherche. »
Deux exemples à l’appui : « [Cette loi] fait obligation à tout employeur installé sur le territoire français, fût-il une multinationale de Chicago, de conclure un contrat de travail en français ou de le traduire. […] elle oblige le fabricant d’un médicament ou d’un appareil électrique à traduire le mode d’emploi... De fait, il existait bel et bien un vide juridique dans ce domaine. »
Et le Défenseur des droits de conclure : « Aujourd’hui, on enregistre de bons résultats dans les domaines de la consommation, du travail, de l’enseignement et la recherche, mais d’autres secteurs sont à la traîne : la publicité, les médias et, malheureusement, les services publics. »

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Le marché européen leader

En Europe, premier acteur mondial de la traduction et de l’interprétation avec 53 % des ventes, le marché britannique prédomine, stimulé par des flux commerciaux importants et des particularismes fiscaux. Jusqu’au Brexit, ce marché a su tirer parti de la locomotive Union européenne.

Titre
Le marché britannique en 2018
Chiffres clefs
Chiffre clef
1,35
Texte d'accompagnement

milliard de livres sterling

Chiffre clef
+13 %
Texte d'accompagnement

env. de croissance 2018-2019

Chiffre clef
1 600
Texte d'accompagnement

sociétés spécialisées, dont une poignée concentre l’essentiel des revenus : (RWS, Yuno, Hogarth, Thebigword)

Chiffre clef
32 %
Texte d'accompagnement

des acteurs formés aux techniques de post-édition

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Titre
Covid-19 : le poids de la pandémie sur le marché européen
Texte

La pandémie mondiale de Covid-19 survenue en 2020 a affecté nombre de secteurs clés comme l’événementiel et le tourisme, ou encore l’aéronautique. Si son impact réel sur les marchés de la traduction et de l’interprétation reste à quantifier, les premières études, surtout celle de FIT Europe et de ses partenaires, révèlent de fortes répercussions : -30 % de CA en moyenne, en particulier dans les petites structures (moins de 10 personnes), dont près de la moitié n’ont accès à aucune aide gouvernementale. L’interprétation a été touchée de plein fouet, avec des modes de travail bouleversés (recours à l’interprétation à distance, quand cela est techniquement possible) et des prix tirés vers le bas entraînant, au sein de la profession, une recherche active de diversification.

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Le marché français, stable mais fragmenté

En France, les derniers chiffres officiels de l’Insee, centrés sur l’étude des codes APE des entreprises relevant de la nomenclature 74.30Z, font apparaître en 2017 un recul du nombre d’entreprises, parmi lesquelles 1 500 agences et une grande majorité d’entreprises individuelles, qui produisent un chiffre d’affaires moitié moindre que celui du marché britannique.

Titre
Les chiffres du marché français
Chiffres clefs
Chiffre clef
13 885
Texte d'accompagnement

entreprises dont environ 1 500 agences

Chiffre clef
627
Texte d'accompagnement

millions d'euros de chiffre d'affaires

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Le marché français professionnel connaît une croissance plutôt soutenue mais inférieure à la moyenne mondiale. Le turn-over y est important, qu’il s’agisse de la grande majorité des entreprises individuelles ou des acteurs intermédiaires (petites agences par rapport aux leaders commerciaux). En 2017, la Cipav observait qu’un tiers des micro-entreprises mettaient la clé sous la porte après trois ans d’activité.

Concernant les agences, une étude Nimdzi précise que le marché français tend à se concentrer : les plus grosses entreprises de traduction rachètent celles de taille intermédiaire, creusant un net écart avec les plus petites. Cela n’est pas sans incidence sur les prix moyens pratiqués. D’où une fragmentation des acteurs, mais aussi un regroupement sous forme d’associations professionnelles, ce qui vaut pour les prestataires à leur compte (en 2021, la SFT regroupe plus de 1 600 membres, quand l’ATLF avance un répertoire de 815 membres – 1 200 hors annuaire – et l’ATAA de 500 membres) et les agences de traduction (CNET, ou Chambre nationale des entreprises de traduction).

Décomposition des chiffres d’affaires réalisés en France

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Graphique de la répartition du chiffre d'affaires en France

Source : Enquête SFT sur les pratiques professionnelles de métiers de la traduction, 2016

Les entreprises (86 % de la demande) affichent des besoins en traduction multiples : brochures institutionnelles ou financières, communiqués, articles, dossiers et lancements de presse, livres blancs, rapports et notices techniques, rapports annuels, appels d’offres, contrats, litiges, rencontres avec un fournisseur étranger, nouvelles réglementations, normes européennes, brevets etc. Que ce soit en ligne, pour le web, ou en version papier, pour le print, tous les secteurs économiques sont concernés : industries manufacturières, informatique, électronique, aéronautique et transports, technologies de pointe, audiovisuel et multimédia (sites Internet), santé, économie, banque et finance, tourisme, développement durable, énergie…

Pour un panorama national de la traduction professionnelle, on se reportera utilement aux dernières études statistiques de la SFT, qui recensent par exemple les tarifs généralement pratiqués.

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Formations universitaires, jeunes collègues et professionnalisation
Texte

Depuis 2002 et le lancement de la réforme dite « LMD » (Licence, Master, Doctorat) visant à remodeler l’enseignement supérieur pour une harmonisation à l’échelle européenne, nombre de maîtrises ont dû créer une année complémentaire. L’offre de masters 2 en traduction et interprétation a ainsi augmenté, au point de dépasser potentiellement les capacités d’absorption d’un marché, fût-il en croissance.
Plusieurs de ces formations proposent des combinaisons linguistiques traditionnelles, en nombre limité, sans forcément tenir compte soit de la réalité économique des échanges commerciaux soit de l’intérêt de donner accès à des cultures méconnues, et surtout sans professionnaliser et préparer à la réalité des pratiques entrepreneuriales. Le risque est alors que les jeunes titulaires de diplôme entrant sur le marché manquent de repères, se mettent trop vite à leur compte et, à force de conditions de travail éprouvantes voire dégradantes, finissent par se décourager. Aux jeunes collègues en devenir : choisissez des formations universitaires qui vous professionnalisent et qui vous mettent toutes les cartes en main pour affronter la réalité de nos marchés.

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La diversité des prestations en traduction et interprétation

La traduction

La traduction, par définition écrite, peut se distinguer en :

  • traduction spécialisée (dite « pragmatique » ou, abusivement, « technique »),
  • traduction rédactionnelle,
  • traduction littéraire.

Les acheteurs de prestations de traduction sont des maisons d’édition, des organismes publics (ministères ou organismes internationaux) et des entreprises (Modes d’exercice).

Les postes salariés se trouvent dans des entreprises ayant un service interne de traduction (de plus en plus rare en France), dans des agences de traduction et au sein d’institutions ou d’administrations. Une grande partie de ceux et celles qui exercent cette profession le font en entreprise individuelle.

En plus de leur formation initiale, les traducteurs et traductrices choisissent parfois de se former en expertise judiciaire et d’exercer comme expert et/ou interprète près une cour d’appel ou agréés par la Cour de cassation.Assermentés, les experts traductrices ou traducteurs sont les seuls autorisés à délivrer des traductions certifiées(c’est-à-dire des traductions officielles) en contexte extrajudiciaire.

Les chiffres de l’édition

Avec 12 970 livres traduits entre 2019 et 2020, l’édition représentait 12 % du chiffre d’affaires des éditeurs, soit 336 millions d'euros. Sur cet important segment de marché, les langues les plus porteuses sont l’anglais (62 %), le japonais (14 %) et l’allemand (6 %).

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Graphique chiffre d'affaires des traductions dans l'édition

Source : Rapport statistique du Syndicat national de l’édition (2019-2020).

Selon diverses études internationales, les trois principaux secteurs porteurs sont l’ingénierie et les industries manufacturières, le juridique et la propriété intellectuelle, la santé et les sciences de la vie. Viennent ensuite le secteur public (pouvoirs publics, institutions, ONG), les finances et la banque, ainsi que l’informatique, l’électronique et les télécommunications. Si le commerce et la distribution, le tourisme et les voyages, les médias et les jeux vidéos, la mode et le luxe occupent une place moindre, il convient de les observer de près.

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Titre
La traduction audiovisuelle ou adaptation
Texte

Maîtrisant les techniques du doublage, du sous-titrage, du surtitrage, de la narration et du voice-over, les traductrices et traducteurs de l’audiovisuel ont pour mission d’optimiser l’accessibilité de films, de programmes, de documentaires auprès d’un public cible. L’ATAA, association française rassemblant 500 membres, estime à environ 500 le nombre d’adapteurs et adaptatrices qui vivaient de leur activité en 2018 en France. Le marché de la traduction audiovisuelle est porteur (offres TNT, VOD et streaming se développent) mais très concurrentiel.

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L’interprétation

L’interprétation peut être simultanée (surtout en cabine, parfois chuchotée), lors d’évènements internationaux, de conférences ou séances d’organisations internationales, ou consécutive lors de festivals, réunions et entretiens divers, souvent de liaison en entreprise. L’AIIC (Association internationale des interprètes de conférence) compte plus de 400 membres en France qui proposent plus de 130 combinaisons linguistiques. Au niveau mondial, l’association rassemble quelque 3 000 interprètes.

Garants de l’accessibilité de ces évènements – on l’observe de plus en plus (mais pas encore assez) lors des campagnes électorales –, les interprètes en langue des signes française (ou LSF) sont au nombre d’environ 500 en France, dont un tiers adhère à l’Association française des interprètes et traducteurs en langue des signes (AFILS).

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interprétation du marché privé

Grandes entreprises multinationales, sociétés savantes, groupes d’intérêts, fondations, organisations non gouvernementales, entreprises de l’évènementiel, chaînes de télévision, radios, festivals (films, littérature…) forment l’essentiel des clients du marché privé, organisateurs de rencontres internationales à leurs sièges, dans les centres de congrès, parc d’expositions et hôtels, surtout à Paris et dans plusieurs autres grandes villes : Lille, Lyon, Marseille, Nice, Cannes.

Les organisations internationales ayant leur siège en France (Conseil de l’Europe et Parlement européen à Strasbourg, l’OCDE et l’UNESCO à Paris) et des instances gouvernementales (ministères, Gouvernement, Présidence mais aussi de grandes collectivités territoriales et EPIC) entretiennent un marché institutionnel, notamment dans le cadre de programmes de coopération européens ou internationaux.

Les interprètes peuvent opérer sur un seul marché, parfois sur les deux (institutionnel/privé). De grandes conférences internationales (exemple : la COP 21 en 2015) mobilisent parfois 50 interprètes, voire davantage, durant plusieurs jours.

L’impact de la technologie sur le marché

Évolution et cadre d’intervention

Au fil des décennies, l’invention de l’ordinateur, Internet, les outils de TAO puis l’évolution de la traduction automatique ont profondément transformé une partie du marché. À lui seul, le marché européen des technologies de traduction, en croissance rapide, pèse plus de 70 millions d’euros et compte, selon Nimdzi, en août 2020, quelque 660 outils différents (logiciels de traduction, outils de reconnaissance vocale, outils de doublage-sous-titrage, plateformes et bases de données fournissant des mémoires de traduction) (ou TM pour Translation Memories). Selon le rapport LD4AI de TAUS, hormis Google, plusieurs grands acteurs européens ont émergé : SDL et Kantan MT (Royaume-Uni/Irlande), DeepL (Allemagne), Modern MT ou Translated (Italie), Tilde (Lettonie).

Pour l’organisation TAUS, la convergence des nouvelles technologies, principalement axées sur le gain de productivité, devrait accélérer l’automatisation du secteur de la traduction dans les prochaines années, aussi bien pour la production de traduction (automatique) que pour les fonctionnalités de gestion (gestion de projet, qualité, fournisseurs, formation) grâce à l’apprentissage automatique.

Avec l’arrivée de la traduction automatique neuronale (ou Neural Machine Translation, NMT), l’intelligence artificielle (IA) prend indéniablement des parts de marchés à la traduction humaine (ou bio-traduction). Ces développements suscitent une abondante littérature et activités de recherche, source de concours de traduction homme/machine, de prédictions de la disparition totale de la traduction humaine dans quelques décennies mais aussi de débats juridiques autour de la protection, au titre du droit d’auteur, des traductions automatisées.

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Google Translate
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Lorsque Google Translate bascule, en 2006, vers une technologie propriétaire fondée sur l’analyse statistique, la traduction, jusque-là service professionnel presque uniquement réservé à des clients commerciaux, devient directement accessible aux utilisateurs finaux. Ce service révolutionnaire s’améliore sans cesse en proposant diverses fonctionnalités (traduction de textes saisis ou manuscrits, traduction de textes inclus dans des images, interprétation automatique de conversations). Les langues source et cible se multiplient également.
Disponible en plus de 100 langues et avec 500 millions d’utilisations chaque mois, soit 140 milliards de mots par jour, Google Translate traduit plus de mots en un jour que l’ensemble des traductrices et traducteurs en un an. Aide précieuse pour les internautes lambda, ces traductions brutes servent toutefois « pour information ». Il convient de les distinguer des traductions automatiques, un peu plus « propres », produites par leurs versions payantes et nécessitant de toute façon une relecture humaine.

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Nombre de mots traduits en 2019
Chiffres clefs
Chiffre clef
300 000
Texte d'accompagnement

milliards par Google Translate

Chiffre clef
200
Texte d'accompagnement

milliards par le secteur de la traduction professionnelle

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Une incidence relative

Si l’impact de la technologie est indéniable, il reste à nuancer en termes de marchés : la valeur ajoutée de l’intervention humaine demeure indispensable, d’abord et avant tout dans les contextes stratégiques aux enjeux colossaux (image, chiffre d’affaires, actionnariat, partenaires économiques, responsabilité juridique), mais aussi, détail à souligner, pour enrichir en continu la qualité même des moteurs de machines, lesquels s’appuient sur des corpus constitués… de traductions humaines.

Dans les domaines exigeant des prestations à valeur ajoutée (communication stratégique, contenu complexe ou sensible, adaptation marketing, audiovisuel…), l’apport des « bio-traductions » au regard du style, de l'intention, des références, de la technicité, de l’analyse est incontournable.

La traduction automatique neuronale

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Photo Guillaume Deneufbourg
Rôle
Membre
Nom
Guillaume Deneufbourg

Selon Guillaume Deneufbourg : « Bien que la NMT (traduction automatique neuronale) évolue constamment – à l’heure où j’écris ces lignes, DeepL ne commet déjà plus certaines des erreurs détectées lors de l’étude de cas – je reste convaincu qu’elle demeurera un simple outil d’aide à la traduction, certes très utile dans certaines circonstances, mais dont l’usage doit être réservé à des utilisateurs expérimentés, formés et avertis de ses dangers. »

Source : « Post-édition de traduction automatique : se méfier des apparences », ATA, 23 avril 2019

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La Fédération internationale des traducteurs, dans son document de position sur la traduction automatique, pose que : « Il est improbable que la traduction automatique (TA) remplace complètement les traducteurs humains dans un avenir prévisible. »

Enjeux « métiers » de la traduction automatique

En 2020, 78 % des agences de traduction prévoient selon la CNET, leur chambre syndicale, d’initier ou d’augmenter le recours à la traduction automatique (TA) ou à la post-édition de TA, une tendance forte du marché français depuis 2017. Les perspectives pour la profession ? Une demande accrue de prestations en amont et en aval, pour préparer les données linguistiques ou pour relire, à savoir post-éditer, les textes obtenus.

Dans la pratique, les membres de la SFT observent que cet environnement technologique les incitent plus que jamais à monter en compétences, à se spécialiser et à proposer des  services connexes tels que la correction, la PAO, la traduction optimisée pour le référencement naturel (Search Engine Optimization, SEO), voire des prestations de conseil qualité : aujourd’hui plus qu’hier, les clients ont besoin d’un accompagnement avisé sur la gestion des volumes de traduction, sur le choix des méthodes à privilégier selon la nature des contenus à produire, sur le choix d’une langue pivot pour des produits localisés pour plusieurs pays et impliquant des traductions multilingues ou encore sur le travail des champs sémantiques dans plusieurs langues.

Autant de services qui relevaient parfois des à-côtés informels dans la relation clients-prestataires, mais qui demain pourront se valoriser comme compétences spécifiques afin de contrer une naturelle pression à la baisse sur les tarifs.

Défendre nos savoir-faire et spécificités face à l'IA

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Portrait de Ségolène Busch
Rôle
Secrétaire générale
Nom
Ségolène Busch

Sabine Deutsch, Secrétaire générale de la SFT, l’a souligné lors de la Journée mondiale de la traduction 2020 : « Nous ne craignons pas le progrès technologique : l’IA, la traduction neuronale ou les plateformes d’interprétation à distance sont une réalité, nous ne cherchons pas à les combattre. Il faut en revanche continuer à défendre nos savoir-faire et spécificités, rendre nos métiers toujours plus visibles, veiller à ce que les évolutions ne dégradent ni nos conditions de travail ni nos rémunérations ni la qualité de nos travaux, bref communiquer sur notre valeur ajoutée. »

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L’environnement technologique au sens large peut avoir des effets positifs sur le travail des traductrices et traducteurs en leur offrant une panoplie d’outils. Aux prestataires de faire preuve de discernement pour utiliser la solution adaptée à chaque projet ou commanditaire, tous segments de marché confondus. Si c’est là uniquement un moyen d’augmenter leur productivité, la question reste : pour quelle finalité ? Plus précisément : pour quels types de textes, pour quelle cible (finale), dans quels contextes ?

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Graphique en pourcentage représentant les perstataires proposant ses services

De même, face à l’évolution et à la diversification des canaux de communication avec la place grandissante des supports audio et vidéo, la formation continue est impérative pour bien tenir la barre. Se documenter, suivre la littérature spécialisée en font partie, afin de faire les bons choix, de valoriser sa valeur ajoutée et appliquer de bonnes pratiques professionnelles.

 

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Les prestations à valeur ajoutée en traduction : 5 stratégies gagnantes

Cela peut faciliter l’entretien du lien avec des clients spécialisés dans un domaine donné (aéronautique à Toulouse, spiritueux à Cognac, œnologie en Bourgogne ou en Bordelais, etc.), quitte à repérer des spécialités fines : l’avionique ou le contrôle aérien peuvent former des marchés de niche distincts. Mais, autant que possible, il faut prendre soin de diversifier sa clientèle pour ne pas s’exposer à de possibles retournements de conjoncture, comme la pandémie de Covid-19 l’a prouvé dans le secteur de l’aéronautique ou dans celui du tourisme en Île-de-France ou en région PACA.

La SFT a observé que ses membres tirant leur épingle du jeu se positionnaient surtout sur des marchés ayant un caractère d’urgence (actualité chaude), revêtant un caractère à fort enjeu stratégique pour le client (fiabilité des messages politiques ou corporate de haut niveau), la communication de crise, les traductions confidentielles (secret défense…), les secteurs créatifs exigeant la finesse d’une approche « humaine » (lmarketing, audiovisuel). La recherche de niches porteuses peut se déduire également d’études économiques faisant état d’une forte croissance dans un secteur précis (énergies renouvelables ou e-learning par exemple) : suivre la presse spécialisée pour une veille sectorielle vous permettra d’anticiper les bons créneaux et acteurs.

Plus un marché est pointu, moins les machines seront compétitives et plus sera nécessaire la plus-value de l’intervention humaine. Pour nourrir cette valeur ajoutée, il faut l’alimenter par des contacts clients, des échanges directs, bref une création de liens les plus réguliers possibles, même à distance ! Nourrir cette relation en s’imprégnant en continu de l’environnement culturel du client, notamment en lisant sa presse spécialisée, participe au lien de confiance. Quel que soit le secteur, cette aptitude au sur-mesure (connaissance du contexte client, dates et contraintes de communication) est un gage de sur-mesure, soit une prestation qualitative valorisable en tant que telle.

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La sécurité « agence » ?
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Nombre de freelances préfèrent travailler en sous-traitance pour des agences de traduction, plus ou moins spécialisées, capables de leur proposer un confort de travail qui les exempte de toute action commerciale et de la gestion de la clientèle. Ces services ont un coût (généralement croissant avec la taille de l’agence) impliquant des tarifs en sous-traitance plutôt bas, qui s’expliquent par plusieurs facteurs :
- une politique de marge sur les prestations (jusqu’à 50% voire davantage, en particulier dans un contexte de sous-traitance en cascade),
- le recrutement négocié par des services « achats » valorisant le critère prix sur celui de la qualité.
Il est utile de se renseigner auprès de consœurs et confrères pour s’informer de l’approche qualité de l’agence ciblée (auprès des clients comme des fournisseurs et notamment si elle est certifiée ISO 17100) et de savoir si elle entretient des relations dans la durée ou récurrentes avec ses prestataires.
Les signaux d’alerte :
- les tests dépassant 300 mots et non rémunérés
- les mails de recrutement collectif
- l’exploitation indue de votre CV présenté comme ressource par une agence qui ne vous emploie pas.

Une traductrice, un traducteur ne sont jamais seuls : ayez le réflexe collaboratif, surtout face à des marchés exigeants, qui mêlent grands volume, délais serrés et qualité. Des réseaux informels, GIE ou formes coopératives, sont aptes à faire valoir la force du collectif. C’est aussi une réponse possible pour éviter la pression excessive d’autres donneurs d’ordres sur l’organisation du travail ou sur une juste rémunération. Il est également souhaitable d’entretenir son réseau de confrères et consœurs afin de proposer, à demande, d’autres combinaisons linguistiques opportunes pour un client.

La traduction est règlementée dans certains pays (Allemagne, Canada). Pas en France. Aussi les prestataires exerçant à leur compte ne se sentent souvent pas de taille face à la concurrence de plateformes installées dans des pays à bas coûts salariaux ou à celle de collègues en mode « touriste ». Mais il faut savoir que l’exigence qualitative ne faiblit pas (et que les acteurs off-shore ne sont pas fatalement encensés), que la demande se nourrit d’excellence et de sensibilité sectorielle. La meilleure arme est donc de mobiliser voire de mettre en avant vos règles déontologiques, vos réseaux d’entraide (consœurs et confrères disponibles selon spécialités et langues), vos outils d’information, vos formations, tous les outils de pratique et de décision qui font de vous un ou une pro. Les « biotraducteurs » et « biotraductrices » aptes à relever les défis renouvelés du marché, dans la durée, à force de challenges multipliés, resteront incontournables sur leurs segments.

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Plusieurs outils de la SFT à disposition pour aider les traducteurs
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Dans sa démarche de professionnalisation des métiers de la traduction, la SFT a mis à disposition plusieurs outils pour aider les traducteurs, traductrices et interprètes à leur compte à :
- établir leurs tarifs ;
- mieux gérer leur entreprise ;
- analyser leur activité sous plusieurs angles, notamment avec la version française de CalPro.

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