Prix Pierre-François Caillé de la traduction 2023 – La Sterne rouge
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Les ouvrages en lice pour le Prix PFC 2023 (1/4) – La Sterne rouge

par Jury du prix Pierre-François Caillé de la traduction

le 16 novembre 2023

Mise en lumière : Léticia Ibanez, pour sa traduction du tamoul (Sri Lanka) de La Sterne rouge, de Antonythasan Jesuthasan aux éditions Zulma

« Un livre coup de poing », c’est la réponse unanime de deux des membres du jury du Prix Pierre‑François Caillé, Agnès Debarge et Françoise Wirth, interrogées au sujet de La Sterne rouge. Cette fiction, qui s’inscrit dans une chronologie de faits réels, nous immerge dans la réalité du Sri Lanka, des années 1980 à nos jours : la guerre civile entre Cingalais bouddhistes et Tamouls hindous de 1983 à 2009, le tsunami de 2004 et les attentats du jour de Pâques en 2019.

Racontée à la première personne depuis les quatre murs sordides d’une geôle sri-lankaise, l’histoire d’Ala, surnommée la Sterne rouge, jeune femme et ex-combattante des Tigres tamouls, condamnée à une peine de 300 ans de prison, est mise en abyme par le narrateur auteur qui vient introduire et clôturer le récit.

De sa vie de petite fille où se mêlent de multiples saveurs, l’insouciance de la jeunesse, les croyances et traditions de son peuple, les horreurs du conflit ethnique qui oppose sa communauté tamoule à la communauté cingalaise, à son exil en Europe, en passant par sa tentative avortée d’attentat-suicide qui conduira à son arrestation, La Sterne rouge nous plonge, tête la première, dans une histoire composée de nombreuses emprises et faite de violences extrêmes, avec un réalisme cru, jusqu’à l’insoutenable.

« On ne développe pas forcément de la sympathie pour la Sterne rouge, mais une forme d’empathie pour ce qu’elle est, pour son enfance. Son récit nous amène progressivement à concevoir la manière dont une personne, prise dans un engrenage, peut devenir un monstre et en venir à vouloir se faire exploser sur un pont » souligne Agnès. La question des langues occupe également une place prépondérante dans cet ouvrage. Ala porte en elle l’héritage culturel et linguistique tamoul de ses ancêtres, a dû apprendre le cingalais pour pouvoir continuer ses études, et n’apprend à écrire en tamoul qu’à un âge avancé, reflet de l’utilisation des langues comme outil d’oppression sur les peuples minoritaires. Sa maîtrise à l’écrit du tamoul comme du cingalais la mènera d’ailleurs à devenir traductrice et son exil la conduira à apprendre une nouvelle langue : l’urövan.

« Une lecture fascinante, saisissante, qui prend aux tripes, rendue dans une langue simple, imagée et très directe, sans complaisance ; un récit retranscrit dans un français impeccable et avec beaucoup de finesse par sa traductrice », déclare Françoise, ce à quoi Agnès ajoute : « en tant que traductrice littéraire du tamoul, Léticia Ibanez nous ouvre les yeux sur un autre monde ».

Pour connaître le lauréat ou la lauréate de l’édition 2023 du prix Pierre-François Caillé, rendez-vous le 24 novembre prochain à Toulouse.

Consultez le site dédié au prix pour tout connaître sur le prix Pierre-François Caillé de la traduction, découvrir les membres du jury présidé par Bernhard Lorenz, ainsi que la sélection complète de l’année 2023 : Sélection 2023 du Prix Pierre-François Caillé de la traduction.

www.prixcaille.fr

par Jury du prix Pierre-François Caillé de la traduction

le 16 novembre 2023

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