De 1960 à 1970

1960

La SFT compte 375 adhérents.

 

Au Comité intergouvernemental pour le droit d’auteur de l’UNESCO, siégeant à Londres en novembre, la FIT présente un rapport de synthèse que l’institution lui a commandé sur la situation des traducteurs dans une vingtaine de pays. Ses conclusions et vœux rejoignent la position de la SFT vis-à-vis du syndicat des éditeurs français. Pierre-François Caillé note ici que : « Il est encourageant et nous confirme dans l’idée que le problème de la traduction, phénomène international, ne peut être résolu que par une action internationale qui triomphera des résistances et des incompréhensions locales. »

1961

Première section régionale de la SFT

 

En octobre 1961, le Comité directeur a nommé Paul Renaud (traducteur technique) délégué pour la région lyonnaise. Ce dernier, par l’insertion de notes dans la presse locale, parvient rapidement à faire adhérer à la SFT une dizaine de traducteurs et de traductrices de la région, bientôt 20, puis 30. Il essaime auprès des consulats, des entreprises, noue des liens avec l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) dont le siège est à Genève. À l’assemblée générale de 1962, Pierre-François Caillé souligne que : « Cette idée de décentralisation qui s’impose, que la pratique impose, nous allons la poursuivre. Nous voudrions beaucoup créer d’autres centres régionaux qui seraient pour la SFT un moyen de diffusion […] de ne pas rester concentrée uniquement sur Paris, alors qu’en province, notamment dans les grands centres industriels, vous avez des foyers de traducteurs très importants. » Lille, Marseille, Strasbourg, Bordeaux, où la SFT compte alors des adhérents, sont identifiées comme zones régionales à développer.

 

La Charte du traducteur

 

Pierre Malinverni, membre admis par la SFT à sa section littéraire en 1950, pour ses traductions de Gabriele D’Annunzio et de Giovani Pascoli, est également juriste et spécialiste en droits d’auteur (17). Il sera, à partir de 1956 membre du Comité directeur de la SFT, chargé du Service juridique et fiscal, puis trésorier de 1960 à 1964, membre de la commission technique qu’il présidera en 1967, tout en devenant vice-président, avant de finalement prendre, à la suite de Pierre-François Caillé la présidence de la SFT de 1973 à 1975. Ce juriste fut l’un des artisans du rapport présenté en 1961 au Comité intergouvernemental pour le droit d’auteur de l’UNESCO. Démarche utile lors des travaux de révision de la Convention de Berne en 1967 sur le droit d’auteur puis en 1971 (Actes de Paris), où Pierre-François Caillé et lui, ainsi que Robert Dupuy, représentent la FIT.
C’est lui qui finalisera le texte de « La Charte du traducteur », adoptée par la FIT au Congrès à Dubrovnik en 1963 et dont voici le préambule : « La Fédération internationale des traducteurs, constatant que la traduction s’affirme dans le monde contemporain comme une activité permanente, universelle et nécessaire; qu’en rendant possibles les échanges spirituels et matériels entre les peuples elle enrichit la vie des nations et contribue à une meilleure compréhension entre les hommes; qu’en dépit des conditions variées dans lesquelles elle est exercée, la traduction doit être reconnue de nos jours comme une profession spécifique et autonome; désireuse d’établir, sous la forme d’un acte solennel, les principes généraux inhérents à la profession du traducteur, en vue notamment, de faire ressortir la fonction sociale de la traduction, de préciser les droits et devoirs du traducteur, de poser les bases d’un Code moral du traducteur, d’améliorer les conditions économiques et le climat social dans lesquels le traducteur exerce son activité, de recommander certaines lignes de conduite pour les traducteurs et pour leurs organisations professionnelles, et de contribuer de cette façon à l’affirmation de la traduction en tant que profession spécifique et autonome, présente le texte d’une charte destinée à guider le traducteur dans l’exercice de sa profession. (Suivent 5 chapitres,40 alinéas) ».
Pierre Malinverni sera également, un temps, rédacteur en chef littéraire de la revue Babel.

 

Article de Robert Le Bidois paru dans Le Monde du 28 février 1961 : « Dans son excellent petit traité sur la traduction, Edmond Cary a déclaré très justement : “Le monde moderne apparaît comme une immense machine à traduire”. Chaque jour qui passe voit sortir des presses une soixantaine de traductions, tandis que les machines à écrire tapent des milliers de pages traduites et que d’innombrables documents sont transposés d’une langue dans diverses autres langues. L’Index translationum, publié par l’UNESCO, recensait, pour la seule année 1958, vingt neuf mille deux cent treize traductions parues dans le monde (non compris certains pays comme la Chine populaire). »

 

1962

En assemblée générale, la SFT élargit le nombre des membres du Comité directeur à 18 au lieu de 15 afin de renforcer la représentation du groupe croissant des traducteurs scientifiques et techniques, et d’assurer une meilleure répartition des tâches, elles aussi croissantes, entre bénévole(18).

1963

À l’assemblée générale de la SFT, il est fait état de 590 adhérents, dont 30 résidant hors de France. La barre des 600 membres sera dépassée en 1964.

 

Récemment créée, la section SFT du Luxembourg organise en mars un banquet auquel elle convie tous les traducteurs des Communautés européennes en fonction à Luxembourg. La manifestation (plus de 100 participants, dont Pierre-François Caillé) sera présidée par M. Donner, président de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE).

1964

Claude Noël, qui a repris les rênes du périodique Traduire depuis quelques mois, propose des changements de forme et de fond sur ce « bulletin » de 44 pages, tiré à 700 exemplaires mais jugé encore trop maigre et peu valorisant pour la profession. Objectif : une revue de meilleur aspect, à plus fort tirage, avec publicité payante et format agrandi. Sur le contenu, cette « nouvelle formule » reste l’organe d’informations, pratiques et officielles, de la SFT, mais ambitionne des articles de fond, une tribune libre, revue de presse, des critiques d’ouvrages… Le projet se heurtera au désintérêt d’annonceurs frileux devant un tirage encore faible.

 

« La Formation des Traducteurs Techniques, Proposition pour une solution constructive »… Conférence-plaidoyer prononcée par André Schorp (Commission technique), lors des Journées Internationales de la Traduction à Liège (29-31 mai).

 

En novembre, la SFT organise un colloque avec les étudiants des grandes écoles de traduction existant alors à Paris : la Sorbonne, HEC, l’Institut Catholique. Sont présents Pierre-François Caillé, Edmond Cary, Pierre Malinverni, Claude Noël et André Schorp pour la section technique.

1966

La SFT prend position vis-à-vis du Syndicat national des éditeurs afin de normaliser les rapports entre traducteurs et éditeurs. Pierre-François Caillé s’est ému par courrier auprès du président du Syndicat national de l’édition, Benjamin Arthaud, « sur certaines pratiques constatées assez fréquemment dans les contrats passés entre les éditeurs et les traducteurs », faisant trop souvent d’une cession globale qui ne tient pas compte du droit moral du traducteur, parlant même parfois d’un « achat » de la traduction par rémunération forfaitaire se référant parfois à un classement en petits, moyens ou gros ouvrages… La commission Propriété littéraire et artistique du SNE annonce en retour adresser une circulaire aux adhérents éditeurs dans laquelle tendant à l’observation des obligations légales (loi de 1957) et équitables de l’éditeur envers l’auteur de la traduction : y est rappelé le fait que le traducteur est incontestablement un auteur, jouissant de protection légale, que la rémunération est proportionnelle aux recettes et qu’elle ne peut être forfaitaire que si le traducteur en fait lui-même la demande, que tout règlement est normalement fondé sur la base du nombre de pages dactylographiées et des lignes de traductions par pages.

 

Colloque de la traduction poétique à Moscou (25 février-2 mars) en présence de Pierre-François Caillé.

 

Ve Congrès mondial de la FIT (Lahti, 7‒13 août). Pierre-François Caillé est élu président de la FIT, Pierre Malinverni en devient le trésorier, André Schorp dirige le Comité de formation professionnelle.

 

1967

En novembre, dans une réunion d’information de sa Commission technique, la SFT rend compte des démarches effectuées auprès des organisations syndicales patronales en vue de la reconnaissance, dans les conventions collectives, de la qualité de cadre aux traducteurs techniques salariés.

 

La SFT entre en pourparlers avec le Syndicat des critiques littéraires. Le 26 septembre intervient un accord de principe aux termes duquel les critiques sont invités à citer le nom du traducteur chaque fois que leur article a trait à une œuvre étrangère traduite en français et à porter systématiquement l'accent sur la qualité de la traduction publiée.

 

Le Comité pour la défense et l’expansion de la langue française, rattaché au Premier Ministre, associe la SFT à ses travaux, lui demande un rapport sur le volume total des traductions réalisées, notamment dans les diverses branches de la science et des techniques, et sur le volume des traductions à entreprendre compte tenu des publications mondiales. Les chiffrés fournis par ce rapport font comprendre aux pouvoirs publics l’importance énorme de la traduction scientifique et technique.

 

Nouvelle couverture pour le trimestriel Traduire, à partir du n° 50. Pagination et maquette intérieure demeurent semblables.

 

Le 30e prix de traduction Halpérine-Kaminsky récompense deux sociétaires de la SFT :
Mme Claude Poncet, qui a traduit de l’italien plus de 25 ouvrages et notamment la presque totalité de l’œuvre d’Alberto Moravia, et Georges Bonneau, pour sa traduction de La Femme des sables, roman japonais d’Abé Kôbô.

1968

Traduire, numéro spécial du XXe anniversaire. En août, le N° 55 de la revue contient un « Éloge du Traducteur » signé Jean Paulhan, de l’Académie française, et un article d’Etiemble, traducteur, critique et professeur : « La Traduction est-elle un art ou une science ? »

 

La Conférence générale de l’UNESCO a, en 1966, demandé à la FIT d’établir un rapport sur le droit d’auteur des traducteurs et sur l’extension possible de ce droit à de nouvelles catégories de traducteurs. Le rapport, entièrement établi par le groupe français à l’aide des réponses de treize pays membres, insiste sur les droits des traducteurs scientifiques et techniques, même salariés. En septembre 1968, se tient un Comité d’experts sur les droits des traducteurs, organisé pour la première fois par l’UNESCO. Pierre Malinverni en est le rapporteur. En ressortent 15 recommandations qui, selon les mots de Pierre-François Caillé, président de la FIT, sont « essentielles pour notre profession, en sont la reconnaissance formelle. Mais elles ne sont pour nous qu’un point de départ. Il s’agit de les mettre en pratique et de leur donner toute la publicité désirable […] notre action doit s’exercer en profondeur auprès des gouvernements, des grands organismes internationaux et de personnalités diverses […] Nous avons puisé dans cette conférence des forces nouvelles. […] La traduction est à vocation universelle, aujourd’hui plus que jamais ».

 

Réunion, en juillet, des traducteurs salariés de la SFT : en juin, le syndicat a écrit au patronat français (CNPF), aux fédérations de branches, aux centrales syndicales afin de revendiquer un siège dans les commissions paritaires, issues des accords de Grenelle, en vue de discuter des conventions collectives.

 

 

De 1950 à 1960

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De 1970 à 1980

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