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Les ouvrages en lice pour le prix Pierre-François Caillé de la traduction 2024 (3/5) – Trois âmes sœurs

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Le jury du prix Pierre-François Caillé de la traduction vous propose de découvrir, sous forme de billets, les cinq ouvrages de sa sélection 2024. Mise en lumière du jour (3/5) : Trois âmes sœurs de Martina CLAVADETSCHER (éditions Zoé), traduit de l'allemand par Raphaëlle LACORD.

D’un luxueux penthouse new-yorkais à la ville industrielle de Shenzhen en passant par le manoir de Kirby Hall, Iris, maîtresse de maison et conteuse d’histoires captivantes ; Ada Lovelace, brillante mathématicienne de l’Angleterre victorienne ; et demi-sœur Ling, ouvrière d’une usine de poupées à taille humaine, sont unies par un lien mystérieux.

Trois lieux. Trois époques. Trois âmes sœurs

Leur point commun ? Un asservissement à l’ordre établi : un ordre routinier, étouffant, totalitaire qui vise à transformer ces femmes et toutes les autres en simples poupées, parfaites, dociles – comme séparées de leurs pensées et de leurs émotions.

 

Grâce à un style narratif original et déconcertant qui donne à penser qu’Iris et demi-sœur Ling sont, elles aussi, des humanoïdes, le roman brouille les frontières entre humains et non humains. La mise en page composée de nombreux retours à la ligne et l’utilisation singulière de la ponctuation concourent à un aspect déstructuré des phrases, comme démembrées de leur mécanique habituelle.

Au fil de l’histoire, l’autrice, Martina CLAVADETSCHER, laisse affleurer les germes d’une désobéissance, d’une conscience qui résiste quelque part dans les cerveaux préprogrammés des personnages, d’où le titre original du livre : Die Erfindung des Ungehorsams (littéralement : L’invention de la désobéissance). Le message véhiculé par le dénouement, « notre plus grand pouvoir est celui d’inventer », appelle à vivre son humanité plutôt que de céder à la facilité de la répétition mécanisée et du suivisme.

 

« En sa qualité de traductrice, Raphaëlle LACORD a su se mettre au service d’un récit empreint d’une “inquiétante étrangeté” en respectant les ambiguïtés et les zones d’ombres du texte original, en restituant une écriture volontairement opaque et lacunaire, mais toujours dans un français lisible. Par son caractère laconique et désarticulé, sa traduction reproduit la façon dont les émotions et les sentiments des personnages sont mis sous le boisseau et dissociés de leur ressenti », confie Virginie BUHL, membre du jury du prix, qui salue également un choix éditorial courageux de la part de la maison d’édition Zoé.

 

Une véritable « poésie mécanique » qui concourt à renouveler la thématique de la relation homme-machine avec virtuosité.




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