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Les ouvrages en lice pour le prix Pierre-François Caillé de la traduction 2025 (3/4) – Presque jamais autrement

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Le jury du prix Pierre-François Caillé de la traduction vous invite à découvrir, sous forme de billets, les quatre ouvrages retenus pour la sélection 2025. Dans ce 3e billet, plongez dans Presque jamais autrement de Maria Matios (Éditions Bleu et Jaune) traduit de l’ukrainien par Nikol Dziub.

Un récit de tensions, d’héritages et de silences

Au cœur des Carpates ukrainiennes, Presque jamais autrement explore les destins croisés d’une communauté rurale marquée par la pauvreté, la dureté du quotidien et l’emprise de traditions séculaires. À travers une mosaïque d’histoires – amours contrariés, rivalités fraternelles, patriarcat pesant et violences tues – Maria Matios donne voix à un monde où la fatalité semble souvent dicter les gestes et les choix.

 

Dans une langue riche, imagée, empreinte de folklore et de croyances anciennes, l’autrice dévoile les fractures intimes de personnages que l’Histoire malmène autant que leur propre lignée. Les thèmes de l’honneur, de la honte et des secrets de famille tissent un récit dense, où les émotions circulent à travers des images fortes : « nuits sans fond et sans sommeil », « pierre [qui] aurait pleuré à chaudes larmes », « gobelets nuptiaux » devenus symboles du destin féminin.

 

Cette prose lyrique, puissante et terrienne compose une fresque où se mêlent violence sourde, sensualité et élans de tendresse, et où le tragique n’est jamais loin. La phrase qui donne son titre à l’ouvrage — « Il n’en va presque jamais autrement » — résonne alors comme une clé de lecture : un constat d’impuissance, mais aussi la reconnaissance d’une humanité façonnée par ce qu’elle ne peut éviter.

Maria Matios, une figure majeure de la littérature ukrainienne contemporaine

Née en 1959 dans la région de la Bucovine, Maria Matios s’impose depuis plusieurs décennies comme l’une des grandes voix littéraires d’Ukraine. Son œuvre, nourrie d’histoires locales, de récits populaires et d’une profonde connaissance des mentalités rurales, explore les blessures de la région des Carpates : conflits familiaux, domination impériale, guerres successives, mais aussi la résistance des femmes.

 

Célèbre dans son pays, récompensée par de nombreux prix littéraires, elle développe un style immédiatement reconnaissable : évocateur, charnel, traversé de métaphores audacieuses et de dialogues tirés du quotidien villageois. Presque jamais autrement en est une éclatante démonstration, à la fois ancrée dans une tradition orale et pleinement contemporaine.

Une traduction d’une grande sensibilité

Traduit de l’ukrainien par Nikol Dziub, le texte trouve en français une voix authentique, fidèle à l’énergie et à la densité de l’original. Le travail de la traductrice se distingue par :

  • la capacité à restituer la poésie viscérale du texte, ses images frappantes, sa sensualité comme ses rugosités ;
  • une attention précise aux registres, entre archaïsmes, expressions paysannes et élans presque mystiques ;
  • une lecture très agréable, malgré la complexité des patronymes, des coutumes et des références culturelles ;
  • un équilibre subtil entre étrangeté et accessibilité, permettant au lecteur francophone d’entrer pleinement dans cet univers carpatique.

Un ouvrage mis en avant par le jury pour sa force et sa singularité

Le jury du Prix Pierre-François Caillé 2025 a été particulièrement sensible à la force narrative du roman et à la justesse de sa traduction. Les membres ont salué un texte capable de restituer la complexité d’un univers rural marqué par le poids des traditions, tout en offrant une écriture d’une grande intensité poétique.

 

La traduction de Nikol Dziub, qui donne accès en français à une voix majeure de la littérature ukrainienne contemporaine, a été unanimement remarquée pour sa précision, son élégance et sa capacité à transmettre l’élan lyrique propre à Maria Matios.

Un livre finaliste qui contribue au rayonnement des littératures d’ailleurs

En sélectionnant Presque jamais autrement, le jury du Prix Pierre-François Caillé de la traduction contribue à faire émerger en France la littérature ukrainienne contemporaine, encore trop méconnue. Le roman de Maria Matios, par sa profondeur humaine et son ancrage historique, offre un regard précieux sur une culture marquée par les soubresauts du XXᵉ siècle.

 

Grâce à la traduction de Nikol Dziub, cette œuvre dense, poétique et profondément incarnée peut désormais rencontrer un nouveau public. Un roman qui bouscule, interroge et fascine — et un bel exemple du pouvoir de la traduction : faire résonner ailleurs une voix venue d’un autre monde, d’un autre temps, d’une autre langue.

Pour connaître le lauréat ou la lauréate de l'édition 2025 du prix Pierre-François Caillé, rendez-vous ce jeudi 20 novembre à Paris.

 

Consultez le site dédié au prix pour tout connaître sur le prix Pierre-François Caillé de la traduction, découvrir les membres du jury présidé par Bernhard Lorenz, ainsi que la sélection complète de l’année 2025 : Sélection 2025 du Prix Pierre-François Caillé de la traduction.

 

www.prixcaille.fr




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